Zonage agricole
Nom du projet : Zonage Territorial et Analyses Spatiales Relatives à l’Occupation de Sol et l’Exploitation Agricole
Zones d’intervention :Territoire National
Commanditaire : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE)
Bénéficiaires :Le Gouvernement Moïse-Lafontant en particulier
Durée : Décembre 2017 à Juin 2018
Description du projet
1.- Contexte
Cette étude cartographique axée sur le zonage agricole a été réalisée dans la perspective d’élaboration d’un nouveau Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT), initiative entreprise par le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE). En vue de la réalisation du dit SNAT, il a été question d’indiquer les zones inaptes et aptes à l’activité agricole afin de faciliter la tâche d’une part à l’élaboration du SNAT et d’autres parts aux investissements dans le secteur agricole. Laquelle initiative, pour être concrétisée, a été sollicité par le Gouvernement de la République qui lui-même avait sollicité l’appui des secteurs notamment le CNIGS, CIAT, MTPTC, MDE, MARNDR, etc.
2.- Objectif du projet
Objectif général
Ce travail consistait à réaliser un Zonage Territorial axé sur l’agriculture afin de faciliter la réalisation du nouveau Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT).
Objectifs spécifiques
- Définir et réaliser l’étude morphologique à l’échelle nationale ;
- Repérer les grands types d’occupation de sol : Bâti, Zone Agricole, Industries, Zone naturelle (protégées) à l’échelle du territoire national ;
- Elaborer un zonage se basant sur des zones actuelles de culture et l’aptitude à l’exploitation selon la potentialité agricole des sols ;
- Identifier les types de culture dans les zones agricoles ainsi que les saisons.
3.- Etapes méthodologique
Pour la réalisation du Zonage Agricole, une équipe pluridisciplinaire d’analystes spatiales, de cartographes, d’agronomes, de pédologues, d’aménagistes a été mobilisée dans le cadre de ce travail. Ces spécialistes étaient tirés de différentes institutions particulièrement de l’administration publique. La méthodologie qui a été utilisée consistait, à partir d’outils de télédétection, à faire une classification du territoire en fonction de critères d’aménagement établis et aussi à faire une analyse approfondie des zones agricoles basées sur les potentialités du territoire tout en considérant les qualités morphologiques et pédologiques. En fonction de ces analyses, des recommandations ont été faites en vue de la sécurisation des terres agricoles et de la redynamisation de la production agricole dans le pays. Ainsi pour s’y prendre, les étapes suivantes ont été adoptées :
3.1.-Création d’une base de données spatiale intégrant les données disponibles
Cette étape consistait à traiter et intégrer les données permettant de réaliser ledit zonage. Les données relatives au relief (le modèle numérique de terrain), la potentialité du sol que dispose le CNIGS, l’occupation de sol de 1998, la densité bâtie de 2010, la tâche urbaine de 2010, étaient, entres autres, les plus importantes qui ont été intégrées et utilisées.
3.2.- Définition des critères de zonage
Avant de contacter les partenaires, un premier travail de définition des critères d’élaboration du zonage a été réalisé. Ces critères concernaient le relief (pente et altitude), la géologie, potentialité, l’occupation de sol.
3.3.- Réalisation d’un atelier de validation de la méthodologie de travail
Par suite de la définition des critères, il a été nécessaire de contacter les cadres du Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), lesquels cadres étaient les principaux concernés par cette initiative. Ainsi, la Direction des Ressources Forestières et des Sols (DRFS), notamment Agronome Ogé Pierre Louis et son équipe ont été consultés. Après ce premier pas, un atelier de présentation et de validation de la méthodologie, plus précisément des critères de zonage a été organisée en date du 22 février 2018. A travers cet atelier, certains cadres expérimentés du MARNDR Philippe MATHIEU, Harmel CAZEAU, Ogé PIERRE-LOUIS, Carly JEAN JEUNE, etc. avaient pris part. Ils ont permis de retenir certains paramètres pour l’élaboration du zonage. Ainsi, les informations sur la pente, l’altitude, la potentialité du sol, l’occupation de sol, la densité bâtie, les porches d’industrialisation, entres autres, demeuraient les facteurs qui ont été proposés.
3.3.- Détermination des zones industrielles et les zones d’intérêt géologique
Comme ce fut le cas pour le MARNDR, il a été aussi nécessaire de prendre le soin de ne pas empiéter sur les espaces à vocation industrielle et d’intérêt géologique. A cet effet, nous avons dû contacter les responsables du Bureau des Mines et de l’Energie (BME) qui nous ont données les endroits qui ont été numérisés à cet effet sous forme de fichier géométrique et carte. En ce qui a trait aux zones industrielles, un premier travail de numérisation a été effectué sur la photographie aérienne de 2014 quand l’endroit était connu et repérable. C’était le cas de la SONAPI, certains autres parc et zones franches (Caracol, Barbancourt, etc.). Aussi, les autres ont été numérisées après avoir contacté les concernés du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI).
3.4.- Collecte de terrain et prélèvement des échantillons
Certes, un travail de bureau avait été prévu et réalisé. Cependant, en vue de se renseigner sur les cultures pratiquées, l’historique cultural et la fertilité des sols dans un souci de réaliser un travail qui reflète la réalité de terrain, une mission sous la direction du MARNDR a été réalisée.
Cette enquête a été effectuée par les cadres de la DRFS avec un appui du CNIGS, auprès des agriculteurs, des structures déconcentrées et décentralisées dans trois (3) départements dans lesquels se localisent trois plaines, dans le cadre d’une étude pilote. Ce travail consistait à mieux déterminer les types de cultures pratiquées, questionner l’histoire agricole dans les parcelles, mieux comprendre les variabilités des calendriers culturaux. Il a été aussi question de se renseigner sur l’origine de la pollution des terres en métaux lourds dans la Plaine du Cul de Sac, suite aux résultats de la phase pilote déjà réalisée par le MARNDR. Cette partie de la méthodologie a été développée et approfondie dans un rapport soumis par le MARNDR. Ainsi, Plaine des Cayes, Maribaroux, Savane Diane, sont celles qui ont pu faire l’objet de ce travail.
3.5.- Analyse et croisement des données
Suite à la validation de la méthodologie, les données ont été exploitées. Ainsi, plusieurs croisements ont été effectués. C’est le cas du croisement des données morphologiques avec la potentialité du sol, l’occupation de sol 1998 ainsi que la densité bâtie. Cette étape nous a permis de réaliser une couche de morphologie et un zonage se basant sur la potentialité et l’occupation de sol que dispose le CNIGS.
3.6.- Elaboration du zonage et cartographie
Dans cette étape, une carte de synthèse a été élaborée tout en tenant compte des contraintes (conflits d’utilisation, les aires protégées, les zones à fort risque naturel, etc.), les forces et les opportunités territoriales. Dans laquelle carte, une proposition de zonage, les zones industrielles ainsi que les zones d’intérêts géologiques ont été prises en considération.
3.7.- Rédaction du document final avec des recommandations sur les exploitations agricoles.
Suivant qu’il était discuté et adopté dans les précédentes réunions techniques au Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), un document d’analyse détaillé de l’ensemble des activités entreprises aurait dû être rédigé par les parties prenantes dont la compilation et l’intégration de ces données se feront par le MPCE. Ce dernier qui aurait trouvé les moyens adéquats d’adjoindre ce document dans le processus de mise en place du SNAT. Ainsi, ce document n’a entendu que de se restituer les étapes méthodologiques et les résultats du zonage agricole, lequel aurait pu aider dans l’élaboration du SNAT.
4.- Résultats
4.1.- Cartographie de la morphologie nationale
En termes de premier extrant, une cartographie de la morphologie du territoire national a été élaborée où les critères ci-dessus ont été définis et validés :
4.1.1.- Plaine agricole
Il a été considéré comme plaine, toutes les portions territoriales d’au moins 10% de pente, de moins de 200 mètres d’altitude et au plus d’un hectare de superficie. Pour la plaine agricole, il est attendu de retenir les niveaux 1 à 4 de la couche potentialité du sol que dispose le CNIGS. Outre des niveaux 1 à 4 de la potentialité du sol, le niveau 5 aurait dû être adopté pour les espaces se localisant dans la plaine et ayant été au moins une fois utilisés à des fins agricoles.
4.1.2.- Plateau agricole
Sont considérés comme plateau, toutes les portions territoriales comprises entre 1 à 10% de pente, d’altitude de plus de 200 mètres et de superficie d’au plus d’un hectare. Pour les plateaux agricoles, les mêmes considérations relatives à la potentialité agricole et l’occupation de sol considérées pour les plaines agricoles ont été de mise.
4.1.3.- Montagne
En ce qui a trait à la montagne, du point de vue géomorphologique, toutes les portions de territoire supérieures à 10% de pente et 200 mètres d’altitude se classent dans cette catégorie. Cependant, compte tenu de la réalité et le contexte agricole haïtien, 3 cas sont à considérer :
- Toutes les parcelles comprises entre 10 à 33% de pente jouissant d’une potentialité allant de « excellent » à « médiocre » ayant été au moins une fois affectées à l’agriculture peuvent être utilisées à des fins agricoles, plus précisément des cultures herbacées. Cependant, les mesures de conservation doivent être prises.
- Toutes les portions de territoire comprises dans l’intervalle de pente 33 à 89%, lesquelles se trouvant dans le potentialité des sols allant de « excellent » à « médiocre » et ayant été utilisées au moins une fois pour l’agriculture. Dans ces parcelles, il est exigé de pratiquer la culture fruitière ou de l’agroforesterie.
- Dans toutes portions de sol se trouvant à une pente supérieure 89%, il est fortement exigé le couvert végétal en permanence.
4.2.- Le zonage agricole élaboré
Le zonage avait constitué constituait une étape fondamentale du travail. Il était le résultat du croisement des informations morphologiques, de la potentialité du sol, l’occupation du sol de 1998 et de la densité bâtie.
La carte prouve que 27% (7221,74km2) jouit un niveau « très bon » pour l’agriculture, 28% (7554,60 km2) un niveau « bon», 14% (3822,11 km2) « moyen », 27% (7296,52 km2) « autres usages », 5% (1226,16 km2) exige fortement un couvert végétal permanent. Sans aucune considération pour des réalités liées à la fertilité du sol, les sols pour lesquels un niveau très bon a été assigné, demeure des parcelles qui devraient faire l’objet d’interdiction de construction. Il s’agit des parcelles se trouvant essentiellement dans les plaines couvertes d’agriculture en 1998, lesquelles bénéficient d’une bonne potentialité agricole.
- Les parcelles assignées au niveau de zonage bon sont celle dont soit leur potentialité est comprise entre « excellent à moyen » ou leur potentialité est médiocre et qui avaient été occupées en 1998 par de l’agriculture ou équivalentes ; ou ces deux facteurs sont vrais et sont comprises à une pente entre 10 à 89%. Les parcelles de statut moyen sont celles dont leur potentialité des sols n’est pas intéressent (Moyen à médiocre) et affectées par l’agriculture en 1998 et dont la pente est comprise entre 33 à 89%.
- Les portions du territoire de statut « autres usages » sont celles d’une potentialité de sol indésirable et qui avaient en 1998 des usages non agricoles.
- Les parcelles de statuts non agricoles sont celles nécessitant une couverture végétale permanente. Elles ont soit une pente supérieure à 89%, ou ont une faible teneur en végétation.
5.- Limite de l’étude et recommandation
Comme déjà mentionné, ce travail s’est inscrit dans les obligations des décideurs pour doter le pays d’un zonage en particulier et un Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) en général en vue de résoudre les problèmes liés au conflit d’utilisation de sol et à la règlementation de l’étalement urbain surtout dans les zones potentiellement agricoles.
Ainsi, le croisement des données relatives au relief, la densité bâtie de 2010, la potentialité et l’occupation de sol prouve que 33% du territoire présente un relief plat intéressant pour les cultures agricoles sans aucune mesure de conservation de sol. Par suite de cette quantité, les informations sur les zonages montrent que plus que 20% du territoire jouit d’une bonne potentialité agricole et qu’il est nécessaire de conserver ses parcelles pour l’agriculture. Outre de cette considération, ce travail permet de voir que toutes les parcelles dans les plaines n’ont pas forcément une aptitude agricole. A cet effet, des investissements peuvent être réalisés en vain. Ainsi, une étude de fertilité est nécessaire, surtout pour se renseigner sur les types de cultures à emblaver ainsi que les parcelles à mobiliser.
Recommandation
En termes de recommandation, il s’avère nécessaire à ce que :
- Une amélioration de la couche de morphologie se fasse, mais avec actualisation des données ;
- Une étude pédologique se fasse sur tout le territoire, lequel permet d’améliorer les informations relatives à la potentialité des sols ainsi qu’au zonage ;
- Une initiative de réaliser l’étude de la fertilité des sols dans toutes les plaines d’Haïti ;
- Les discussions sur les zones résidentielles soit avancée en vue de définir les zones possibles d’extension urbaine et les zones naturelles ;
6.- Calendrier des activités
Il s’agissait d’un travail réalisé sur un calendrier reparti sur sept mois notamment entre décembre 2017 à juin 2018.
7.- Etat d’avancement à date : Etude déjà terminée
Prochaines étapes : Validation et diffusion par les instances de compétentes.